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Activités spéléologiques du C.A.F. d'Albertville
8 février 2015

Prérouge, le bout du rêve ?

Dimanche 8 à mardi 10 février 2015

Participants : 6 plongeurs (dont 1 du caf d'Albertville) : Manu Tessane, Stéphane Lips, David Bianzani, Olivier Lanet, Carlos Placido et ... et 5 à la transimission (familles Tourte et Dodelin)

 

Samedi 7 février : une sortie collective à la grotte de Prérouge a permis de porter tout le matériel plongée nécessaire au siphon Loubens.

 

Dimanche 8 février : nous étions au rendez-vous à 9 h à l'entrée de Prérouge avec Manu Tessane, Stéphane Lips, David Bianzani qui vont rejoindre le bivouac soutenu dans le portage post siphon par un troisième plongeur (dont j'ai oublié les coordonnées qu'il m'en excuse pour le moment).

 

Peu après 10 heures le dernier rentrait sous terre pour un kilomètre de progression jusqu'au Loubens.
Les niveaux d'eau au villebrequin sont tels qu'il faut se mouiller au-dessus des bottes pour se positionner à la cascade de la pluie.

 

Pour nous, je dis nous car je suis venu avec Bernard Tourte en séjour chez moi, il ne nous reste plus qu'à profiter de la journée ensoleillée pour jouer de la luge ou du snow avant la vacation radio du soir.
Dans l'après midi on se retrouve à la grotte à Mandrin pour le comptage chauves-souris avec Jacques Nant, Christian Hermen, Aloïs Reveret, José Mulot et Bernard Lyonne. L’affaire est rondement menée et pendant qu'en néoprène on compte les rhinolophes de la cavité, ça avance à Prérouge.
Bernard Lyonne est inquiet pour notre rendez-vous du soir mais nous serons dans les temps. Quelques 40 rhinolophes plus loin, nous remontons dans la neige de cette grotte de Mandrin et reprenons la route des Bauges. Le temps de prendre l'apéro et déjà Bernard Lyonne s'inquiète au téléphone. "On arrive."
La neige trop dure sur le bas côté ne permet pas de tailler un espace pour se garer. Nos deux voitures restent sur la voie de droite. Il n'y a pas foule ça devrait le faire et puis nous sommes à côté dans la prairie.

 

Chaussées de raquette à neige toutes les familles sont là : Bernard Tourte, sa femme Nathalie et leur fille Lisa et de chez nous Doumette et Filou qui entreprend de rejoindre les deux cerfs qui viennent de traverser la route devant nous et Bernard Lyonne que nous avons rejoint à Arith.
Premier temps, il s'agit de rejoindre la falaise de gauche pour caler la première antenne. Pendant que l'on fixe la tresse sur la roche au moyen de la neige, les deux Bernard filent de l'autre côté pour déterminer le point du poste TPS et déploient l'autre antenne qui sera fixée au sol par deux broches. Il n'y a plus qu'à brancher et après le premier appel.

 

Manu répond. On se cale pour le son et il faut quand même parler doucement pour comprendre les infos. Manu nous demande des nouvelles des autres plongeurs qui les accompagnaient. Sont ils sortis ? On demande des nouvelles sur les projets immédiats mais d'un seul coup plus de son. Le froid et la neige humide ont raison du haut parleur. En tapant le micro la membrane joue et des bribes de son nous reviennent puis c'est vraiment le silence radio. En parlant dans le micro, on se rencontre que la led témoin fonctionne. Donc ils doivent nous entendre. Bernard Lyonne a des écouteurs dans son camping car. Nous demandons à Manu quelques minutes en attendant le retour de Bernard pour poursuivre la communication. Il y a une entrée écouteur sur le micro, on branche et ça marche de nouveau. Sauvé, nous savons alors de façon claire qu'ils sont arrivés au bivouac à 19 heures, soit près de 9 heures de progression sous terre. Par contre ils ne sont que deux au lieu de trois: Stéphane Lips et Manu Tessane. Il s'avère que David qui devait être avec eux a été malade et a fait demi tour avec les plongeurs de soutien. On convient d'une prochaine vacation mardi matin à 8 heures et d'une sortie probable mardi 10 février entre 16 et 17 heures.

 

Fin de l'émission radio et pour nous face à l'arrivée du camion de lait il nous faut vite dégager nos voitures et rentrer le matériel poste et antennes. Cinq minutes plus tard nous sommes à l'entrée de la grotte de Prérouge, du moins sur le chemin qui y mène face à deux voitures. Ce sont les voitures d'Olivier et Carlos. Ils sont sur le retour et David vient juste de partir nous l'avons raté de peu.
Fin du premier épisode. La suite mardi matin... et l'après midi avec José Mulot, Bernard Tourte sa fille Lisa, plus quelques autres porteurs nous iront à leur rencontre sous terre.

 

Mardi 10 février : Il est passé 7 h 30 quand nous sommes sur la route d'accès à la prairie d'Arith. Le ciel est dégagé et le soleil ne tardera pas à poindre son nez. La température est de -10°. Nous avons pris deux pelles à neige pour mieux garer la voiture en bord de route mais un chemin d'accès à ces prairies nous évite cette séance d'échauffement. Nous chaussons les raquettes et traversons la plaine. Nous sommes deux cette fois Bernard Tourte et moi. Nous avons étudié plus finement la topo hier soir et nous savons qu'en nous élevant de 100 m de dénivelé dans la forêt nous devrions à 800 m d'altitude être au-dessus d'eux. La montée se poursuit et l'heure tourne. Nous arrivons en lisière de forêt il est 8h. L'altimètre nous indique 760m, c'est pas encore ça mais ça ira. On est plus en aval par rapport au réseau mais c'est l’heure et ces talus rocheux qui séparent les prairies avec de gros arbres dessus feront l'affaire pour poser nos antennes. Nos antennes sont orientées Nord-Est et Sud-Ouest.

 

On se répartit la charge et Bernard établit le contact. On est reçu correctement par Manu qui est à l'écoute. Par contre de notre côté la réception n'est pas tip top. On peut quand même les rassurer sur la bonne sortie des plongeurs de soutien dimanche soir. Pour Manu et Stéphane, tout va bien et leur arrivée au siphon Loubens devrait se faire autour de 16 heures. On confirme bien chaque info. La réception pour nous avec ces petits écouteurs rajoutés ne nous donne pas le loisir de connaitre les détails de leur explo. Nous le saurons au point de contact sous terre. Plusieurs spéléos m'ont déjà indiqué leur intention d'être au contact sous terre, il faut viser 16 heures (soit entrée dans Prérouge vers 15 heures pour ne pas courir) ; d'autres devraient être à l'entrée et dans ce cas il faudrait s'y trouver vers 17 heures.Donc à bientôt pour les prochaines infos. Christian Dodelin

 



 

PRÉROUGE, LE BOUT DU RÊVE?

 

Il est 15 h, nous sommes lundi. Je m’allonge dans l’eau et tente de progresser, mais sans succès. J’enlève mon baudrier, puis recommence. J’avance 10 cm par 10 cm… Je n’y crois pas vraiment, c’est trop étroit. Je force encore un peu et je me pose. Manu est derrière moi et ne dit plus rien. Ca pourrait passer... Ça devrait passe... Si je vide mes poumons, ça passera. Mais à quoi bon? Même si je passe, Manu ne passera pas. A quoi est-ce que ça sert de forcer? Est-ce que cela vaut le coup de se faire mal, si loin de la maison? Je renonce. C’est la fin. Manu le sent, Manu le sait... Nous en avons terminé. L’affluent de l’Espoir porte bien son nom: il nous a fait espérer. Espérer et rêve... Mais cette fois, le rêve est bien termin... Tout ça pour ça.

 

Le bout du rêve?

 

Pourtant, tout avait bien commencé. 48 h plus tôt, Mowgli, Cédric, Constance et moi avons porté notre matos jusqu’au S1, puis passé une soirée sympa chez Pascale. La veille au matin, nous avons retrouvé Manu, David et Olivier et c’est à 6 que nous avons franchi les deux premiers siphons de Prérouge. Nous n’avons jamais été aussi nombreux dans cette zone. Nous avons atteint rapidement le S5. David ne se sentant pas bien, nous avons continué à deux jusqu’au bivouac, que nous avons atteint à 19h. C’était parfait, juste le temps de se faire un petit nid douillet, de faire un point TPS et hop, au lit de bonne heure!

 

Le matin même, nous avons profité du petit déjeuner préparé par Manu et renfilé les combinaisons néoprènes. « Même pas si froid! » qu’on s’est dit. La traversée du S10 n’était que du bonheur avant d’attaquer les 250 m de dénivelé de l’affluent de l’espoir. Nous sommes arrivés au terminus vers 12h. Encore une fois, le timing était parfait pour faire une belle explo. La suite nous avait sagement attendu. Nous n’avions pas rêvé, la galerie de 10 m de haut par 4 m de large était bien là.

 

Le terminus 2013

 

Une petite escalade nous a amenés à un joli passage concrétionné. Nous avons fait des photos. Nous avons tenté de ne pas casser trop de fistuleuse en passant, tâche difficile.

 

Ça continue!

 

Nous avons encore avancé d’une trentaine de mètres dans une belle galerie, puis l’incompréhension. Un mur. Nous avons buté sur un mur. La galerie se termine sous la forme d’une rotonde, une belle concrétion en occupe le centre, mais tous autour, un mur. Nous n’y avons pas cru et avons fouillé, sans succès. Une grosse coulée a dû complètement colmater la galerie.

 

La rotonde finale

 

Ç’en est fini de la galerie fossile, mais peut importe, nous nous sommes dit que nous passerions par l’actif. Nous sommes revenus sur nos pas en faisant la topo – 70 m seulement – et sommes redescendus au niveau de l’actif. Il sort d’un méandre. Nous avons fait 20 m dedans, pas très large. Puis cette étroiture… Cette étroiture que nous ne passerons pas… Que nous ne passerons probablement jamais…

 

L’actif : on y croit encore!

 

Il est 15 h, nous faisons demi-tour une nouvelle fois en faisant la topo. Nous sommes déçus. Pourquoi n’avions nous pas continué un peu plus loin la fois précédente? Cela nous aurait économisé bien des efforts! Mais non, nous sommes là, nous sommes en forme, autant en profiter. Nous avons des cordes, des amarrages, le perfo, et encore toute notre niaque! Nous décidons d’attaquer une escalade que nous avons repérée près du terminus. Manu joue du lasso sur une concrétion. Il monte. Mais ça queute. Tant pis. Il y a d’autres escalades à faire.

 

Dommage que ça ne continue pas plus loin…

 

Nous rempaquetons donc tout notre attirail et rebroussons chemin. De la vire au sommet de l’escalade effectuée la fois précédente, nous repérons un départ en face. Manu joue l’acrobate sur une vire imaginaire et m’installe une corde. Nous arrivons sur un joli palier. Un puits remonte, une galerie part vers l’aval. Notre priorité est de monter pour tenter de se rapprocher de la surface, qui n’est pas si loin que ça. Manu grimpe, j’assure. Je ne vois pas pourquoi nous inverserions les rôles, il fait ça si bien.

 

Si je prends la photo, qui assure ?

 

15 m plus haut, il m’accroche la corde, et on recommence. De nouveau 15m plus haut, il atteint presque le sommet de la galerie. Ça part en méandre. Il teste une nouvelle escalade en hauteur, mais ça pince. Nous testons le méandre à niveau, mais ça pince… C’est fini aussi pour cette escalade. Dommage, c’était joli et il y avait même un peu de courant d’air aspirant.

 

Le terminus du haut...

 

Nous laissons équipé pour la postérité et redescendons au palier pour explorer la galerie aval. Elle est belle et concrétionnée. On en profite, mais le cœur n’y est pas: c’est vers l’amont qu’on devrait être en train d’explorer. Un petit lac émeraude en marque la fin au bout d’environ quatre-vingt mètres. Juste avant, un puits remontant nous nargue. Mais nous n’avons plus envie de jouer. A quoi bon? Nous rebroussons chemin en faisant quelques photos.

 

La fin de la galerie aval: joli, mais fini!

 

Il est 20 h, il est temps de rentrer. Nous grignotons un coup et nous rendons alors compte que nous avons perdu notre bidon de sécurité avec notre réchaud, nos bougies et nos accus de rechange... Le stresse monte d’un coup, nous avons l’impression de nous retrouver instantanément sans filet de sécurité... Pas très agréable. Nous refouillons toute la zone et nous faisons à l’idée qu’il n’est pas là. Nous attaquons finalement le chemin du retour. L’affluent de l’espoir est toujours aussi beau. Le S11 fait toujours autant rever, et les lacs sont toujours aussi sympa. Nous arrivons rapidement au S10, où nous retrouvons le bidon de sécu, qui avait dû tomber entre les pierres quand nous nous étions déséquipés. C’est le soulagement: nous ne mangerons pas des pates chinoises froides ce soir. Nous traversons rapidement le S10 en prélevant deux concrétions pour la science et retrouvons enfin la zone de bivouac. Afin d’alléger le portage du matin, nous faisons un premier voyage avec nos bouteilles en descendant jusqu’aux cascades. Puis Manu décide de s’énerver contre un rocher en équilibre en hauteur dans le méandre Damoclès, qui mérite bien son nom. Mais la ruse a raison du dit rocher, qui s’affale finalement au bout d’une heure de bourrinage intense. Ouf, nous avons enfin le droit d’aller au bivouac! Les hamacs n’ont jamais été aussi confortables et nous apprécions à fond notre bon repas chaud! Nous discutons de notre déconvenue, mais aussi des futurs plans, et surtout de la super aventure que l’on est en train de vivre! On s’en fout d’avoir fait peu de première (226 m en tout), le tout, c’est d’être là! Extinction des feux peu après minuit... Qui aurait cru que l’on se coucherait aussi tôt?

 

Le retour

 

Le lendemain, réveil à 8h pour un nouveau point TPS. « Tout va bien ». Visiblement, il fait froid dehors et on est bien mieux dans nos duvets que Buldo, qui n’est pas très bavard. On se donne rendez-vous pour 16 h. De notre côté, il ne nous reste plus qu’à tout ranger et à rentrer à la maison! Nous décidons de ressortir le maximum de matériel et c’est donc bien chargés que nous attaquons le chemin du retour... Bourrins... Qui a dit bourrins? Contre toute attente, on arrive quand même de l’autre côté du S5, où nous réorganisons les sacs. Nous laissons pas mal de bouteilles, mais les troquons contre d’autres matériels... Manu ne lâche rien, il veut tout ressortir. Au final, on n’est pas plus léger et le trajet jusqu’au S3, puis jusqu’au S2 nous semble bien long. La gravité nous aide dans le S2, mais je décide de faire deux voyages entre le S2 et le S1. Nous profitons pleinement du S1, même si l’eau n’est pas très claire. Puis, c’est la sortie du S1...

 

La sortie du S1 (photo : Stéphane Jaillet)

 

C’est l’euphorie, nous sommes accueillis par des flashs et des applaudissements. Nous croyions ressortir en petit comité, mais c’est une quinzaine de personnes qui nous attendent, café et gâteau au chocolat à la main. L’instant est magique, nous en profitons. Manu raconte déjà notre aventure: il raconte si bien! Tout le monde l’écoute et c'est ce genre de moment qui nous rappelle la chance d’aller à des endroits aussi inaccessibles. Derrière les petites équipes de plongeurs, c’est toute une communauté de spéléos qui veulent savoir ce qui se cache derrière les siphons. Au fond, c’est ça qui nous pousse à avancer, encore et toujours. chaque fois, on se dit « C’est la dernière », c’est trop loin. Et puis les amis nous questionnent et nous soutiennent, et on finit par dire « Ok, on y retourne encore une fois »... Sinon, on ne saura jamais... et ça, on ne le supporte pas.

 

Bref, on ressort tous ensemble, tout le matériel est sorti dans la foulée. Clément, Cédric et mes parents sont venus de Lyon pour nous aider à tout sortir, ça aussi, ça fait chaud au cœur! Nous sortons à la tombée de la nuit, après 53 h passées sous terre.

 

Retrouver du monde en sortant d’un siphon: la plus belle des récompenses! (photo: Stéphane Laillet)

 

Au final, l’affluent de l’espoir ne nous laisse plus espérer grand-chose... La suite sera par le S11, ce qui laisse présager de belles séances de portage... sauf si un accès est découvert par l’autre côté. Mais avant cela, on va essayer de rêver un peu plus: en ouvrant une nouvelle entrée au niveau de l’Afflufaille, on pourrait donner un accès à une bonne partie du réseau aux non plongeurs... Ça vaut le coup d’essayer, non? Juste pour remercier toutes les personnes qui nous donnent des fantastiques raisons de nous surpasser dans ces explorations!

 

Encore, une fois, merci à tous! Quelle belle aventure!

 

Stéphane Lips

Lips

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