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Activités spéléologiques du C.A.F. d'Albertville
17 février 2013

Explo et première à Prérouge (Arith, 73)

Du vendredi 15 au dimanche 17 février 2013

Participants plongeurs : Manu Tessanne, David Bianzani, Stéphane Lips

Participants TPS : Meuleu + Patrick Vajda, + autres ?

Porteurs : Meuleu + 7 autres personnes

 TPST : 53h30

Un petit CR de notre week-end : pas beaucoup de première, mais une belle aventure à trois ! Merci à Manu et à David pour ces bons moments passés ensembles. Merci aussi à Manu et à tous les porteurs pour toutes les sorties de préparations et de portage. Merci aussi à Manu sans qui rien de tout ça n'aurait été possible !!! Une grosse pensée aussi à Damien qui n'a pas pu être des nôtres pour ce coup-ci.

Je rejoins David et Manu à 11h30 devant la cavité. Je ne les avais pas revus depuis mon départ en Afrique du Sud, mais rien n'a changé, toujours la même joie de se retrouver, la même motivation et la même frite. Meuleu et Patrick Magniez sont aussi présent pour nous donner un coup de main appréciable pour le portage jusqu'au S1. Nous rentrons sous terre vers 13h. Manu a déjà fait quelques séances de portage et les bouteilles sont déjà toutes devant le siphon, donc ça allège pas mal ! Je redécouvre les jolies galeries d'entrée de Prérouge et ses quatres pattes "ultra mignons". La suite est semblable à celle des derniers compte-rendus : nous franchissons le S1 (200 m, -12 m), faisons deux voyages avec tout le matériel jusqu'au S2 (230 m, -21 m) et franchissons celui-ci sans encombres. L'eau est très laiteuse. C’est dommage car ces siphons sont d'ordinaires magnifiques. Manu et David filment la plongée avec des go-pros. Celles-ci nous suivrons jusqu'au bout de l'exploration ! La suite est faite de portage dans les magnifiques galeries de Prérouge. Le lac, puis le S3 que l'on passe en apnée nous permettent d'accéder au S5 où nous retrouvons les 6 bouteilles de 4 l déposés il y a 10 jours par Manu et David. En tout, nous avons 11 bouteilles : Trois 4 L chacun et deux 2 L de sécu pour le rééquipement. En rajoutant le matos de bivouac, la bouffe, les cordes et le perfo, ça commence à faire quelque chose de bien bourrin ! Le S5 (120 m, -12 m) se passe sans encombres, et nous arrivons rapidement à la diaclase tant redoutée qui mène au S6. Un peu de technique, un bon coup de bourrinage et hop, ça passe ! Le franchissement du S6 (170 m ; -9 m) est une horreur pour moi : le siphon yoyotte et je suis beaucoup trop léger. Je m'accroche à tout se que je trouve, mais c'est sportif ! Le S7 (50 m, -6 m) se franchit rapidement. Nous regardons l'heure : 21h45. Nous sommes en retard sur le planning : nous avions prévu d'arriver à 21 h au bivouac et nous en sommes encore loin ! Nous avions aussi prévu un point TPS entre 21 h et 22h... Nous décidons donc de sortir le matos et nous installons le TPS rapidement. Le signal est très mauvais, tant chez nous qu'en surface, mais ça suffit pour dire que tout va bien et pour se fixer un autre rendez-vous dimanche matin. Nous rangeons tout et poursuivons. Pour le S8 (-15 m, > -3m) et le S9 (60 m, -9m), j'ai trouvé la technique : je me retourne et rampe au plafond ! Finalement, être trop léger, c'est être pareil qu'être lourd à l'envers... Il faudrait qu'on pense à poser un fil au plafond la prochaine fois ! Une fois le S9 passé, il reste le plus drôle : la remontée des cascades sur 70 m de dénivelé. Il y a beaucoup d'eau, les cascades sont impressionnantes : majestueuses mais terrifiantes. Le stress monte. Finalement, nous faisons deux voyages pour tout amener au bivouac que nous atteignons enfin à minuit. Le point chaud est en piteux état mais nous avons ramener des couvertures de survies et pendant que David s'occupe de la popote, Manu et moi réinstallons notre hôtel quatre étoile. Finalement, l'extinction des feux est sonnée à 2 h du matin. Réveil à 8 h, petit déjeuner, préparation du matos et enfilage des néoprènes froides (hmmm, c'est bon !!!). Nous plongeons dans le S10 (130 m, -7 m) à 11h. Nous abandonnons (enfin) notre matos de plongée. Les lacs suivants sont toujours aussi beaux, nous faisons notre pèlerinage devant le S11, toujours aussi magnifique et attaquons l'affluent de l'espoir. Nous avions exploré les premiers 100 m en 2007 avec Manu. Damien et Manu ont poursuivi la progression sur plus de 700 m l'année dernière. L'affluent alterne entre un joli méandre de taille humaine (1 m à 1,5m de large pour 3 à 4 m de haut), des grandes galeries ébouleuses de plusieurs mètres de large et d'une dizaine de mètre de haut, et des passage merdique entre les blocs dans des trémies pas toujours très stables. Le tout est entrecoupé de ressauts escaladés et équipés par Manu l'année dernière. Plusieurs arrivées d'eau proviennent du plafond tout le long du parcours. C'est autant d'arrivées potentielles pour les équipes de désobeurs fous du CDS73 qui s'acharnent à trouver un accès par l'extérieur à cet affluent. Nous arrivons au terminus de Damien et Manu à 14h30. Nous sommes à peu près à la côte +320 m par rapport à l'entrée. Nous cassons la croûte et attaquons l'explo en faisant la topo. Manu, toujours caméra à la main, film l'action. Manu s'était arrêté sur une diaclase étroite qui s'avère être relativement courte. Nous retrouvons le méandre confortable juste derrière. Nous progressons tantôt au fond du méandre avec l'actif, tantôt en hauteur sur des éboulis suspendus. Un premier ressaut moon-milcheux de 3 m nous barre la route. Nous l'escaladons et l'équipons. Au sommet, nous nous pourrissons copieusement en étant à 4 pattes dans de la boue. Puis ça s'agrandit à nouveau. Au bout de cinquante mètres supplémentaires, nous tombons sur une jolie cascade de 7 à 8 m de haut. La roche est pourrie, il faut l'attaquer en artif : nous n'aurons pas emporté la perfo pour rien. Manu se coltine l'escalade et plantes des goujons très rapprochés vu la qualité de la roche. Il la franchit néanmoins sans encombres et l'équipe correctement pour qu'on le rejoigne. Nous avançons encore de quelques dizaines de mètres et tombons sur une nouvelle cascade, d'une douzaine de mètres cette fois. Au sommet, nous ne pouvons apercevoir qu'un grand vide. L'heure tourne... Manu attaque l'escalade et je l'assure. David prépare du thé pour nous réchauffer. Au bout de 6 goujons, Manu prend presque pied sur un bloc instable. Finalement, il décide de jouer la sécurité et de continuer à planter des goujons plutôt que de nous faire tomber des blocs de cents tonnes sur la tête (merci Manu). Mais au moment où il se hisse sur son dernier goujon, celui-ci lâche. Manu fait un vol. En tant qu'assureur, moi aussi, mais vers le haut. Je suis projeté contre la paroi en face, ce qui aura au moins permis d'amortir le vol de Manu. On se reprend, on fait le bilan des bobos : un genou et un poignet pour moi, mais ça n'a pas l'air trop vilain. Une main écorchée pour Manu : ça aurait pu être pire. Manu continue l'escalade et prend pied sur une vire ébouleuse. Il accroche la corde et nous équipe le puits tandis que David et moi rangeons tout le matériel. Quelques temps après, nous nous retrouvons tous en haut. David a froid et nous fait remarquer que l'heure que nous avions fixé pour faire demi-tour est déjà passée... Nous regardons la suite : un gros vide noir se dessine derrière quelques blocs au dessus de nous. Ca n'a pas l'air très stable... Notre vol et le souvenir de notre ami Bronto nous incite à la prudence, mais Manu décide d'aller voir. Je l'assure de loin. Finalement, tout est bien stable : il nous installe une corde et nous le rejoignons. La suite est une galerie ébouleuse, mais plus que spacieuse : 5 à 6 mètres de large pour 10 mètres de haut. Il suffit d'y aller... David nous rappelle nos objectifs d'horaires. Manu n'a qu'une envie, c'est de continuer. Je suis réservé : nous sommes loin de la maison et nous n'avons pas le droit à l'erreur : je me vois mal demander aux copains de venir nous chercher ici. Nous sommes à plus de 6 km de l'entrée, à +350 m, derrière 10 siphons cumulant plus de 1 km de galerie noyées. Une dizaine de puits et de passages étroits nous séparent des grandes galeries du collecteur... Si on se pète une cheville ici à cause de la fatigue, je n'ose pas imaginer les conséquences... La frustration est visible sur nos visages : nous sommes samedi 20h. Cela fait 31 h que nous sommes sous terre, tout ça dans le but d'être ici. Nous n'avons fait que 200 m de première. Tout ça pour ça ?!? Il nous suffirait de continuer, d'avancer encore de 100 ou 200 m... juste pour justifier un peu plus toute l’énergie qui a été mise pour la préparation de l'explo. Mais à quoi bon ? Le jeu en vaut-il la chandelle ? Le goujon qui a lâché et les trémies instables nous ont déjà usé moralement. Où est la ligne rouge à ne pas dépasser ? Est-on dessus ? Est-elle à l'obstacle suivant, ou l'avons-nous franchie sans nous en rendre compte ? Et puis qu'est-ce que 100 m de plus ? De toutes façons, c'est plus de 1 km et 300 m de dénivelé qu'il nous faudrait pour ressortir par une entrée sup... Finalement, nous sommes résignés et nous donnons le signal du demi-tour. Pour une fois, nous pourrons dire que nous avons été raisonnables à Prérouge. En redescendant, on se convaint de ne pas revenir par le bas, de mettre plus d'energie pour trouver un passage par le haut. Cet affluent est un affluent majeur : il y a de très fortes chances qu'il recoupe les galeries déjà connues de la Benoite : c'est de ce coté là qu'il faut chercher. Quoi qu'il en soit, nous sommes sur le chemin du retour. Mais il nous reste du chemin à parcourir : nous savons que nous ne sortirons que le lendemain. La descente de l'affluent de déroule rapidement et sans encombres. Nous replongeons le S10 et arrivons au bivouac à 11 h du soir. Nous passons une bonne nuit rythmée par les ronflements de David. Dimanche matin, nous faisons le point TPS avec la surface à 9h. Tout va bien, nous donnons rendez-vous devant le S1 à 16h30. Nous plions bagages et redéroulons le film à l'envers tranquillement. Cette fois, c'est Manu qui est trop léger et qui peste dans les siphons. Nous laissons trois bouteilles quasiment pleines devant le S5 et ressortons les 8 autres bouteilles (7 4L et une 2L). Nous sommes bien chargés, mais ça avance sans embuches. Nous retrouvons nos blocs devant le S2 et le plongeons. Dans le siphon, Manu et David se battent avec un kit tantôt trop léger et tantôt trop lourd tout le long du siphon. Je m'amuse à regarder la scène et je pense pouvoir déclarer le sac gagnant du combat ! Nous faisons nos mules entre le S2 et le S1 et profitons des derniers moments tranquilles du S1. A la sortie du siphon, nous sommes chaleureusement accueillis par 6 personnes venues nous donner un coup de main. Ca fait chaud au coeur !!! Merci à tous !!! Les sacs sont dépiautés puis reconfigurés pour la dernière heure de portage jusqu'à la sortie. Au final, l'ensemble du matos est sorti dans la foulée : c'est un impressionnant tas de matériel que l'on retrouve à la sortie. Finalement, nous sommes dehors sur le coup des 18h30. Ca y est, c'est fini ?!? Nous étions rentrés 53h30 plus tôt... Cela s'est passé si vite : comment avons-nous pu mettre tant de temps pour faire cette "petite ballade" ? décidément, le cours du temps n'est vraiment pas le même sous terre.

Nous nous séparons un peu avant 19h30 et chacun rentre chez soi... L'aventure physique est terminée : commence maintenant le temps du partage, des récits, des photos, de la topo, et surtout du film qui devrait émerger des quelques heures de rush prises durant la sortie. Nous savons que les souvenirs resterons gravés pendant longtemps dans nos têtes. Sous terre, nous nous posions la question "est-ce qu'on va revenir ?", mais la vraie question qui se pose finalement aujourd'hui est "quand est-ce qu'on y retourne ?". Un gros gros merci à toutes les personnes qui ont donné de leur temps et de leur énergie pour que tout cela soit possible ! Désolé de ne pas avoir ramené plus de première, mais on espère que les images du film compenserons cela ! Manu, il aura fallu plus de 3 ans avant que l'on se revoie, mais ça valait le coup d'attendre ! Merci beaucoup et à la prochaine!!!

P'tit Lips

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  • Ce blog présente l'activité spéléologique du C.A.F. d'Albertville au jour le jour. Celle-ci concerne principalement l'exploration et la recherche de nouvelles cavités, dans les Alpes françaises, mais également à l'étranger (Espagne, Asie etc...).
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