Dernières explorations dans le réseau de la Gandara

Durant les congés de la Toussaint, nous avons organisé un nouveau bivouac de 6 jours dans les amonts du réseau de la Gandara. Dans ce secteur complexe, qui ressemble morphologiquement aux conduits des cavités de la Lunada, il reste un important travail de topographie parfois ingrat. Mais, en insistant, nous ne désespérons pas d'accéder à d'autres niveaux du réseau.

Compte rendu chronologique

Dimanche 28 octobre 2007

Nous montons à Bustalveinte sous un grand soleil, accompagnés par Pierre Perraut et Guy Simonnot qui profitent du voyage pour aller prospecter et désobstruer quelques cavités en amont des Calligraphes. Pour notre part, nous entrons par la cueva de la Fuente de Bustalveinte (Dominique Boibessot, Patrick et Sandrine Degouve, Laurent Garnier et Christophe Philippe). Nous avions un peu oublié que c’était aussi bas, mais devant Christophe plus habitué aux étroitures de Franche-Comté, nos plaintes ne trouvent guère d’écho. Comme nous avons du temps, nous en profitons pour explorer quelques diverticules. Le premier est une galerie fossile rapidement terminée par un effondrement. Cela ne nous motive pas beaucoup, sauf Christophe qui se faufile sous de gros blocs. Ça racle, désobstrue et nous nous attendons à le voir ressortir un peu plus loin sous le même bloc. Et bien non, ça continue et quelques minutes plus tard, il nous demande de le rejoindre dans une « grande galerie ». Bon ce n’est pas le canyon des Quadras, mais le conduit en recoupe un autre plus spacieux et puis il y a des départs partout. Nous topographions plus de 560 m de galeries (galerie du Cairn Paresseux). Nous reprenons notre progression vers le bivouac et avant d’atteindre la Tangente Verte, nous nous interrompons à nouveau pour explorer l’amont de la rivière des Beatles que nous remontons sur plus de 300 m. Nous jonctionnons avec un conduit latéral de la Conjugaison.

Nous parvenons vers 19 h au bivouac. Une surprise nous y attend. En effet, nos réserves de nourriture et nos effets de bivouacs ont reçu la visite de rongeurs qui ont largement entamés les emballages. On n'est plus tranquille nulle part…

Le bivouac de la salle de la Sardine à Grosse Tête

Lundi 29 octobre

Réveil 6 h 30. Le niveau étant bien bas, nous décidons d’aller du côté de la rivière des Mille Pattes où Dom avait repéré un méandre supérieur qui semblait devenir totalement indépendant de la rivière. Mais voilà, Dom a soufflé ses 50 bougies cette année et sa mémoire vieillissante commence à lui faire défaut… Malgré plusieurs escalades sans résultats, nous ne trouvons pas le fameux méandre. Nous nous replions sur le cours actif que nous poursuivons sur près de 400 m jusqu’à un laminoir que même Christophe jugea assez bas. Il y a de l’air et vue la direction il s’agit probablement de l’amont de la galerie du Petit Vélo. Nous revenons sur nos pas et aux abords de la salle des Empreintes nous retrouvons enfin le « méandre de l’Amnésique ». Celui-ci jonctionne assez rapidement avec le grand virage de la salle des Empreintes, mais un autre départ nous amène dans un labyrinthe qui recoupe plusieurs conduits parallèles dont certains seraient à revoir. Mais il est déjà tard, nous avons rajouté plus d’1km et nous voulons nous économiser un peu. En revenant au bivouac, nous constatons que le débit de la rivière a considérablement grossi. Dehors il doit pleuvoir et en quelques heures tous les actifs se sont mis à gronder.

La rivière du Mille Pattes en crue

Mardi 30 octobre

Le ruisseau du bivouac est toujours en crue, aussi nous allons plutôt faire nos recherches du côté des fossiles de la Tangente Verte. L’objectif est le puits de la Lunette, à l’extrémité de la galerie des Papillons. Ça coule beaucoup, mais Christophe parvient à éviter la cascade. Sandrine le rejoint et tous deux constatent qu’il n’y a aucune suite. Nous descendons un autre puits du côté des Maçons, mais cette fois ci, nous jonctionnons avec des parties connues. Pendant ce temps, les autres ont repéré un beau conduit qui nous avait échappé lors de nos précédentes visites. Après une courte rampe, nous progressons dans un beau tube d’où partent de nombreux départs. Une trémie dans un niveau marneux nous ralentit un peu. Mais après une courte désobstruction, nous parvenons dans un beau conduit que nous remontons jusqu’à une trémie. Nous avons déjà exploré plus de 700 m et les acrobaties dans les puits arrosés nous ont pris pas mal de temps. Nous gardons l’exploration de l’aval pour demain.

Vers le puits de la Lunette

Puits dans la galerie du Vieux Fusil

Mercredi 31 octobre

Le débit des actifs semble diminuer un peu. Nous remontons dans la galerie des Barytons découverte la veille. L’aval est confortable, mais nous buttons assez rapidement sur une salle ébouleuse. Dans une autre galerie, un puits barre le passage. Dom et Christophe se lancent dans une traversée dont ils ont le secret, mais la suite n’est pas très évidente et notre stock de corde est limité. Nous nous replions sur les autres départs qui finissent par revenir vers le début de la galerie. Pour terminer la journée, nous explorons un petit boyau qui communique avec une galerie fossile située à l’aplomb de l’amont des Mille-Pattes. Nous nous arrêtons au sommet d’un petit puits que Sandrine descend en reconnaissance. Au bas la galerie fossile est spacieuse, ça continue… Retour au bivouac vers 20 h.

La galerie des Papillons

   

Petit boyau orné dans la galerie des Barytons et une belle traversée au-dessus d'un P.30

Jeudi 1° novembre

Retour à la galerie du Vieux Fusil. Au bas du puits, nous progressons dans une confortable galerie ébouleuse, mais peu à peu, nous rencontrons des puits communiquant avec une rivière sous-jacente. De toute évidence, nous sommes au-dessus des Mille-Pattes et nous nous attendons à nous heurter à des puits. Ceux-ci ne tardent pas à nous barrer la route. Nous en contournons quelques-uns jusqu’à un dernier qui plonge vers les galeries inférieures.

Petit puits dans la galerie du Vieux Fusil

Il est à peine une heure, et nous décidons d’aller faire un peu de topo dans les laminoirs que nous avons négligés au bas de la Tangente Verte. Nous commençons par la rivière des Papillottes. Contre toute attente, la progression est plutôt agréable et les dimensions ne s’amenuisent pas en remontant le pendage. De longues visées s’enchaînent et nous laissons de côté plusieurs départs communiquant avec des conduits parallèles. Dans l’un d’eux, Christophe trouve un os de gros mammifère. Au bout de 960 m de topo, la voûte se redresse dans un gros vide creusé dans les calcaires. A partir de là, la galerie prend des proportions rarement rencontrées à ce niveau et on se plait à penser qu’un accès par ce nouvel affluent serait bien commode. Malheureusement, 300 m plus loin, c’est la traditionnelle trémie, sans doute très proche du versant.

L'or des gouffres

Vendredi 2 novembre

Après un petit détour par la salle des Empreintes, nous prenons le chemin du retour. Les laminoirs n’ont pas beaucoup évolué et nous les trouvons particulièrement gras… Nous sortons vers 12 h 30 sous un beau soleil d’automne.

Avec plus de 5 km de topographie, le développement de la Gandara passe à 87 740 m. Mais globalement, ces nouvelles découvertes n’apportent pas beaucoup d’éléments nouveaux sur la connaissance du réseau et notamment sur le devenir des circulations en aval du Grand Huit ainsi que les éventuels accès par le nord et le flanc de la Posadia.

Patrick Degouve